CoronaSense, le capteur automatique de température: interview d’Adrian Shajkofci, doctorant EPFL

Portrait d’Adrian Shajkofci

CoronaSense est un capteur automatique de température développé par Adrian Shajkofci durant le confinement. Après avoir décroché un master en biotechnologies à l’EPFL, Adrian est de retour en Valais, et plus précisément à l’IDIAP, où il effectue un doctorat en électronique. En parallèle de son doctorat, qu’il est d’ailleurs en train de finaliser, il aime mettre ses compétences en informatique et en électronique au service d’entreprises. On peut dire qu’Adrian est un inventeur, puisqu’il a conçu un système de détection automatique de température pendant le confinement, chez lui. Ce projet combine et met en pratique ses compétences en électronique, en réseau, en programmation, en analyse de données et plus encore.

Des lignes de production aux cours d’école

En quelques semaines, c’est déjà plus de 40 entreprises qui utilisent ce système en Suisse romande. Les premiers intéressés étaient les usines de production, qui voulaient coupler leur système de vérification d’accès à une captation de température, et les écoles privées, qui voulaient rassurer leurs étudiants cosmopolites. Mais rapidement, d’autres secteurs s’y sont intéressés, comme par exemple l’industrie agroalimentaire ou les organisateurs d’événements et congrès.

Le système CoronaSense est simple et intuitif : la personne approche, positionne son visage devant l’appareil, et une seconde plus tard elle est mise au courant de sa température via un écran. A partir de là, l’entreprise peut ajouter différents modules comme la lecture de badge, l’ouverture de porte, l’envoi d’alertes par e-mail, des notifications sonores, un écran plus grand et j’en passe. Chaque client peut demander l’ajout de fonctionnalités, qui sont facturées à l’heure. L’avantage est qu’Adrian peut ensuite proposer ces nouvelles fonctionnalités à d’ autres clients : je peux d’ailleurs vous dire qu’un module de synthèse vocale est en cours de développement !

Concentré de technologies

Au niveau plus technique, le système CoronaSense contient un Raspberry Pi, micro-ordinateur de la taille d’une carte de crédit, qui joue le chef d’orchestre. Il contrôle les différents capteurs (notamment un détecteur de présence laser et un capteur de température très précis) via ses entrées/sorties (I/O dans le jargon électronique). Des cartes électroniques spéciales sont conçues par Adrian pour y connecter et contrôler d’autres fonctionnalités comme des haut-parleurs, amplificateur, lecteur de badge RFID/NFC, carte SIM 4G ou GPS. Les derniers développements concernent l’ajout d’un servo-moteur qui pivote afin que le capteur de température prenne les mesures à l’endroit idéal du front de la personne. Toute cette électronique est encapsulée dans un boîtier en PLA, un plastique végétal à base de betterave qui est totalement biodégradable et produit en Suisse. Boîtier qui est d’ailleurs conçu et imprimé par Adrian grâce à son imprimante 3D.

Vous en savez plus pour le côté électronique, mais il y a encore plus intéressant, le côté informatique, l’intelligence du système. Des algorithmes ont été développés afin de faire correctement les mesures de températures et de s’assurer que l’on ait bien à faire au front de la personne. Vous pouvez donc essayer de mettre votre main devant le capteur, il ne sera pas dupe. Le système CoronaSense a été conçu pour être autonome : il stocke les données qu’il capte, il fait lui-même les calculs statistiques de suivi de température pour les personnes, il envoie lui-même les alertes. Il contient un serveur qui permet au client d’interagir avec les données au travers d’une interface web développée avec les dernières technologies du marché (interface client développée avec Vue.js et une API REST faite avec Laravel). Lorsqu’un client souhaite avoir plusieurs appareils CoronaSense, il est possible d’accéder à un tableau de bord qui agrège les données de tous les appareils:

Venez tester (et approuver!)

Le vrai intérêt de ce système pour les entreprises se situe à trois niveaux. Premièrement, il est extrêmement bon marché comparé à des caméras thermiques standards qui valent plusieurs milliers de francs. Deuxièmement, il est extrêmement précis pour la captation de température (de l’ordre de 0.1°C) comparé aux thermomètres infrarouges que l’on trouve sur le marché car il utilise une caméra thermique de 1 pixel (appelé aussi thermopile) de haute précision. Et finalement, une fois installé, il est totalement autonome et n’engendrera pas de coûts supplémentaires, si ce n’est un peu d’électricité.

Vous voulez voir et tester CoronaSense, le capteur de température autonome ? Son créateur Adrian Shajkofci sera l’un des principaux intervenants de l’événement “Faire face aux données” organisé par l’association LaData mercredi 9 septembre 2020 au coeur du Biopôle, à Lausanne. Programme complet et inscription (gratuite) ici.  

Article écrit pas Jacky Casas

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